Souvent, les gens me demandent à quoi sert cet engin ressemblant à un vaisseau spatial ( mélange entre starwars et farscape) sur mon bureau.
Une fois passé l’envie de raconter la plus grosse bêtise possible et de voir si la personne la gobe, je lui tiens à peu près ce langage!
Le travail du photographe a beaucoup changé. Autrefois, nous amenions nos pellicules à un tireur qui se chargeait d’interpréter le négatif pour nous faire de beaux tirages.
Aujourd’hui, une part importante de notre travail est destinée aux écrans, de plus, la plupart des impressions est réalisée par des machines automatiques et il vaut mieux avoir fait des réglages pointus pour se prémunir d’une catastrophe. La capacité d’un photographe à maîtriser la sortie finale de son travail, l’adaptation au support marque la différence en terme de professionnalisme.
Dans ce contexte, nous réglons nos fichiers d’images en partant de fichiers bruts (fichiers raw: voir mon article sur le choix du raw plutôt que le jpeg ici!), en quelque sorte, nous en faisons le développement pour arriver à des fichiers Jpeg, Tiff, Psd ou autres.
Naturellement, nous faisons ces réglages à l’aide d’un écran, et si vous êtes observateur, vous avez pu voir qu’il y a presque autant de manières de voir une image que d’écrans et que la neutralité n’est, en général pas leur fort.
Une sonde de calibration comme celle sur la photo a pour rôle d’indiquer à l’ordinateur comment afficher les images pour que la colorimétrie et la dynamique soient les plus justes et précis possibles.
Ces sondes, lorsqu’on est pas en train de se rejouer un épisode de Star trek, mettant ainsi à mal notre productivité, nous permettent de compenser l’affichage en fonction de l’éclairage ambiant: en effet, si la lumière est trop jaune, plus ou moins forte, il sera appliqué des corrections. La sonde correspond à une sorte d’œil pour l’ordinateur qui lui permet de voir ce qu’il nous montre comme couleurs, gris, blancs, noirs. En voyant l’écart avec ce qu’il était censé être, il applique une sorte de filtre (profil colorimétrique) pour que les couleurs correspondent, on parle d’étalonnage. Il existe aussi des profils (ICC) pour s’adapter aux différents papiers en fonction des encres et imprimantes utilisées, ce qui, dans le même esprit permet des impressions de qualité mais c’est une autre histoire.
Je suis un peu forcé de vous dire au passage qu’il existe différents types d’écrans qui auront des usages et une justesse plus ou moins grande. Pour faire court, il y a les dalles TN (les plus courantes, moins onéreuses) et pour les professionnels de l’image, les dalles PVA, MVA, IPS qui ont toutes leurs avantages et inconvénients. Pour ma part, j’ai choisi de travailler sur dalle MVA qui, face aux dalles TN, a des noirs plus profonds, et dont la vision ne change que peu en fonction du placement par rapport à l’écran (en gros, pas cette image délavée bleue quand on regarde de haut par exemple). Pour finir, il me semble mieux de fonctionner pour de la retouche, réglage sur une dalle mate plutôt que brillante car elles ont plus de finesse dans les zones sombres et qu’elles permettent de ne pas être affecté par l’environnement autour. Même si visionner des photos sur dalle brillante rappelle un beau papier brillant, il vaut mieux éviter un regard trop flatteur et risquer de passer à côté d’erreurs.